Balade
Flâner dans le quartier de la Butte aux Cailles, suivre les traces des teinturiers et tisserands installés autrefois le long de la Bièvre, rivière disparue, arpenter les rues pavillonnaires et capturer le charme de la Cité Florale à la recherche de calme : voilà le programme !
Dur à croire, mais le quartier du 13ème arrondissement, ancien faubourg annexé à Paris en 1860, était recouvert de prairies et de bois et parsemé de nombreux moulins à vent… et à eau. La Bièvre, rivière naturelle aujourd’hui disparue, attire les foules dès le XIVe siècle : d’abord tanneurs et teinturiers puis mégissiers, cordonniers, blanchisseurs et tisserands relégués au-delà de l’enceinte de la ville. Inévitablement, le quartier et sa rivière sont devenus insalubres, si bien qu’elle fut recouverte et bétonnée en 1912 (des petits médaillons au sol indiquent son passage).
Au cours de cette balade historique, vous découvrirez aussi le village préservé de la Butte aux Cailles, lieu d’expression apprécié des graffeurs, connus et inconnus, féministes pour beaucoup… Ouvrez donc l’œil et osez les petits détours !
Ce parcours a été initialement publié en “open data” dans le cadre de Paris Autrement. Il a été remanié par nos soins.
10 étapes
1. Manufacture des Gobelins
La Manufacture nationale des Gobelins est une manufacture de tapisserie historique chargée aujourd’hui encore de l’ornementation des édifices publics. Elle a pour priorité la poursuite d’une tradition en mêlant techniques anciennes, qualité traditionnelle et artisanat contemporain.
Créée en 1601 sous l’impulsion d’Henri IV qui fit venir deux prestigieux tapissiers flamands, cette grande maison de la tapisserie deviendra ensuite la Manufacture royale des Gobelins sous Louis XIV, convaincu de sa contribution à la gloire de la monarchie française. Dès lors, les dirigeants, rois et ambassadeurs en visite à Paris fréquentaient systématiquement le lieu, favorisant par la même occasion les commandes royales étrangères.
Après les difficultés rencontrées durant la Révolution, le règne de Napoléon donne un regain de vie. Rattachée au Mobilier National depuis 1937, la manufacture tisse toujours et fait aujourd’hui appel aux plus grands artistes contemporains.
La Galerie des Gobelins se visite, elle expose les collections du Mobilier National. Sur sa façade, remarquez les huit médaillons rendant hommage aux métiers du tissage.
Et sachez que Gobelin était le nom d’une famille de teinturiers spécialistes du rouge “à l’écarlate” et de la laine teinte. Elle devint si puissante qu’elle donna son nom à la célèbre manufacture et au quartier !
2. Îlot de la Reine Blanche
Cet ensemble de bâtiments organisés autour de cours pavées et situés derrière la manufacture des Gobelins, datent de la fin du XVe siècle, principalement du XVIe, et pour les plus récents du XVIIe. Le nom d'”îlot” vient de la Bièvre, rivière qui le bordait alors mais qui fut recouverte en 1912.
C’est essentiellement la famille de teinturiers Gobelin qui construisit les différents édifices, notamment le “Château de la Reine Blanche”, grand corps de logis aux tourelles à pignons pointus. Résidentielle au départ, l’îlot devint par la suite plus industriel, avant d’être laissé à l’abandon.
Finalement rénové au début des années 2000, d’après des documents d’époque afin d’en préserver l’authenticité, il redevient un endroit d’habitations privées.
Quant à savoir qui était la “reine Blanche”, les historiens ne le savent pas précisément. Le nom date au moins du XIVe siècle mais l’on n’en sait guère plus avec certitude. Il s’agit peut-être de la reine Marguerite de Provence, veuve de Saint Louis (les reines françaises veuves s’habillaient en blanc), qui fit construire en 1290 un manoir au bord de la Bièvre, alors que le quartier était encore en dehors de Paris.
Les différents bâtiments sont classés monuments historiques. Ils sont ouverts à la visite (accès par le 4 rue Gustave-Geffroy) l’été – uniquement les samedi et dimanche après-midi – et pendant les Journées du Patrimoine.
3. Square René Le Gall
Avec ses haies bien taillées, sa roseraie et ses quatre gloriettes typiques du style néo-classique des années 1930, ce très joli square offre un cadre idéal pour la promenade et la contemplation.
Situé à l’emplacement d’une des nombreuses îles du paysage parisien, il accueillait le potager des tapissiers de la manufacture des Gobelins. L’Ile aux Singes, entourée autrefois des bras de la Bièvre, était nommée ainsi à cause des bateleurs qui laissaient leur singes en liberté. Le vin n’y étant pas taxé, les ouvriers de la manufacture venaient s’encanailler dans les guinguettes et brasseries de l’île, nombreuses depuis l’arrivée des ouvriers flamands.
4. Piscine de la Butte-aux-Cailles
Elle aussi puise son eau dans cette profonde nappe souterraine… Les arches arrondies des portes et fenêtres de ce bâtiment pittoresque en briques rappellent la grande voute du bassin intérieur.
Construite entre 1922 et 1924 dans un style Art Deco, la piscine de la Butte aux Cailles est une des deux seules classées Monument Historique à Paris.
Il est possible de se baigner dans un de ses trois bassins, tous les jours de la semaine, été comme hiver – le bassin nordique (unique dans la capitale) est chauffé à 28° !
Dans les années 1950, les caves en briques du sous-sol servaient de décor aux films noirs. Et oui, pendant que vous barbotiez dans l’eau, Jean Gabin se perdait entre les chaudières et la forêt de piliers qui soutiennent le bassin.
5. Rues pavillonnaires de la Butte aux Cailles
Épargnée par les travaux du baron Haussmann puis par la vague moderniste en raison des carrières souterraines (la butte est fragile !), elle a conservé le charme du “village”. Ses rues pavées desservent de jolies maisons fleuries, anciens ateliers et pavillons ouvriers, aujourd’hui convoités du tout Paris et des plus calmes banlieues.
6. Place de l’Abbé-Hénocque
Située dans le quartier (résidentiel) de la Maison-Blanche, cette place toute ronde est le cœur d’un ensemble de pavillons ouvriers étroits et aux façades pastel, construits dans les années 20, qui bordent les rues voisines, organisés en lotissements. Celui de la rue Dieulafoy, en particulier, dû à l’architecte Henry Trésal, vaut absolument le coup d’œil.
Le nom de la place vient de l’abbé Georges Hénocque (1870-1959), qui fut résistant pendant la Seconde Guerre mondiale. Elle est également connue pour être le lieu de l’assassinat de Pierre Goldman (le demi-frère de Jean-Jacques) en 1979.
7. Petite Ceinture
Cet étonnant parc linéaire sillonné de rails a été aménagé en 2015, il vous portera jusqu’au Jardin Charles Trenet, lui aussi tout récent. La petite ceinture de Paris a été construite durant la deuxième moitié du XIXe pour desservir les différentes gares ferroviaires dans la capitale, alors en plein essor industriel et commercial.
Elle recèle aujourd’hui des espaces de nature sauvage d’un grand intérêt écologique, peu à peu réaménagés en espaces verts publics, jardins privés et associatifs qui font le bonheur des parisiens.
8. Cité florale
Non loin des Maréchaux, au sud du quartier de la Maison-Blanche, ce site de la fin des années 20 est encore un charmant exemple de micro-quartier préservé et absolument tranquille dans un arrondissement qui l’est moins en général !
Ensemble de petites maisons avec jardin disposées le long de rues pavées portant des noms de fleurs (rue des Glycines, rue des Orchidées, square des Mimosas, etc.), la cité Florale est bâtie sur un ancien terrain inondable, qui, certes remblayé, ne pouvait accueillir de hauts immeubles.
9. Petite Alsace
Ce sont 40 pavillons ouvriers à colombages et aux toits pointus (style alsacien) autour d’une cour fleurie rectangulaire, dans le quartier de la Butte-aux-Cailles
L’architecte Jean Walter les conçut en 1912 dessina et réalisa pour la société “l’Habitation Familiale”. De fait, les maisons de la Petite Alsace étaient destinées à accueillir des familles (très) nombreuses.
Juste à côté de la Petite Alsace, la Villa Daviel, une voie privée très verte elle aussi, vaut aussi le coup d’œil.
10. Petite Russie
Nouvel exemple étonnant de ce que le XIIIe arrondissement a à offir, la Petite Russie (conçue, comme la Petite Alsace dont elle est toute proche, en 1912) se destinait à l’origine à des chauffeurs de taxi d’origine russe. D’ailleurs, sous la dalle de cette petite cité se trouve le garage où ils entreposaient leurs véhicules.
Attention : l’accès à la Petite Russie n’est pas libre puisque protégé par un digicode. Il vous faudra demander à un résident qui passe par là…
Ceci fait, grimpez un petit escalier raide et vous aboutirez à une terrasse qui comprend deux rangées de pavillons accolés, disposant d’une vue très agréable et pas avares de pots de fleurs.
DétenteWeek-end en ville
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